Énergie & Climat

Les « comptes carbone », des outils prometteurs pour susciter l’adhésion des citoyens à la lutte contre le changement climatique

Le travail d’Arnaud Van Der Cam se situe dans le champ de la lutte contre le réchauffement climatique et, plus précisément, dans l’acceptabilité sociale des outils mis en place par les gouvernements en faveur d’une transition écologique équitable. L’auteur a soumis un scénario de « compte carbone » à un échantillon de 278 personnes, appelées à le commenter et à définir à quelles conditions celui-ci serait accepté. Très schématiquement, le « compte carbone » repose sur l’attribution d’unités carbone aux individus, ces derniers devant les restituer lorsqu’ils ont recours à des biens ou des services entraînant des émissions de carbone fossile. Le choice experiment mis en œuvre ici suggère une acceptation assez large d’un tel outil parmi les citoyen·ne·s, mais au prix du respect de diverses étapes et conditions. Parmi ces dernières : l’instauration de mécanismes destinés à contrôler la volatilité du prix du carbone et la possibilité, pour les ménages, d’avoir recours à des conseils concrets « sur mesure » pour diminuer leurs émissions.

> A télécharger : Mémoire Arnaud Van Der Cam (PDF)
> Intervention d'Arnaud lors du webinaire, à partir de 00:04:19 :

Les modèles agricoles wallons à l’horizon 2045-2099 : les atouts de l’agroécologie face aux changements climatiques.

Mathieu Delandmeter a comparé les performances agronomiques, alimentaires et environnementales de trois systèmes agricoles sur la période 1985-2009. L’un est le business as usual (cultures majoritaires en zone limoneuse en Wallonie et utilisation de fumier), l’autre est vegan (ni élevage, ni fumier), le dernier repose sur l’intégration cultures-élevage (recours notamment aux prairies temporaires). Il a ensuite étudié, par le modèle STICS, l’évolution des trois systèmes dans l’hypothèse des deux scénarios d’évolution climatique définis par le GIEC : RCP4.5 et RCP8.5 (2045/2069 et 2075/2099). La singularité de son approche est d’avoir pris en compte des indicateurs bien plus larges que le strict rendement des cultures : souveraineté alimentaire, bien-être des consommateur·rice·s, auto-suffisance, transport de marchandises, résistance au stress hydrique et thermique, teneur en carbone dans le sol, etc. Au final, les trois systèmes verraient les rendements globaux augmenter mais dans une proportion très variable et avec différents impacts et adaptations face aux changements climatiques.

> A télécharger : Mémoire Mathieu Delandmeter (PDF)
> Intervention de Mathieu lors du webinaire, à partir de 00:22:45 :

Voyez comment la Fondation soutient les jeunes et leurs idées ou initiatives à 360°, découvrez-le ici en images :

Casimir Morobé a rédigé sa thèse sur l’apprentissage automatique auprès de la CMB, la Compagnie maritime belge, et lorsque cette technologie a révélé tout son potentiel pour les économies d’énergie dans ce secteur, il a décidé de fonder Toqua sous la houlette des coachs de Durf Ondernemen!. Très vite, Toqua a été sélectionnée pour le programme d’accélération imec.istart.

Toqua souhaite transposer l’apprentissage automatique dans le secteur de la navigation et dans des applications destinées à réduire la consommation de carburant. Les méthodes de mesure utilisées actuellement sont obsolètes et procèdent à certaines simplifications qui empêchent de tenir correctement compte de l’effet de la météo (vagues, vent, courant, etc.) et des conditions de chargement. En réunissant les données IdO des bateaux et des données satellitaires sur les conditions atmosphériques au sein d’un même modèle d’apprentissage automatique, Toqua parvient à modéliser presque parfaitement le comportement de ces bateaux, ce qui permet aux décisionnaires des compagnies maritimes de se baser davantage sur des données dans leur travail, avec à la clé 6 % d’économies de carburant en moyenne.

Casimir : "Pour nous, SE'nSE atteste du bien-fondé de notre projet. L’ensemble du processus de candidature nous a forcé à nous poser les bonnes questions et à chercher des solutions aux lacunes que le jury avait repérées dans nos idées. Nous avions déjà reçu un premier feedback du comité de sélection du Fonds Albert Vanhee pour les Générations Futures*. Celui-ci nous avait permis de faire évoluer notre projet, avant de soumettre notre candidature pour un prêt SE'nSE. Le trajet d’apprentissage au travers de ces deux sélections, réussies, s’est révélé très précieux et a fait évoluer notre entreprise. Il est aussi très important pour nous que ceux qui nous financent partagent nos valeurs de durabilité et continuent de les soutenir, et avec SE’nSE, nous pouvons en avoir la certitude absolue."

* Début 2021, Toqua a également décroché une bourse de prototypage d’un montant de 5000 €, grâce au Fonds Albert Vanhee de la Fondation pour les Générations futures.

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Rationner l’alimentation : une piste à suivre face à la multiplication des défis environnementaux ?

Le changement climatique, mais aussi l’érosion de la biodiversité, la raréfaction de l’eau potable et la pollution des sols font peser de lourdes hypothèques sur la sécurité alimentaire. Le rationnement peut-il être une solution ? Le travail de Lara Vanderstichelen tente de répondre à cette question. L’auteure analyse d’abord cinq politiques – anciennes ou contemporaines – de rationnement alimentaire, mettant en évidence leurs points faibles récurrents. Dans une approche résolument prospective, elle imagine ensuite trois modèles possibles de rationnement pour l’avenir, en s’inspirant de quatre dispositifs récents de contrôle de la consommation de carbone à des fins environnementales. Elle en expose les principales limites (juridiques, économiques, politiques) dans une société d’abondance. Les obstacles culturels (la représentation des contraintes, notamment environnementales) ne sont pas oubliés, amenant l’auteure à rappeler les liens étroits entre les notions de rationnement et de solidarité.

> A télécharger : Mémoire Lara Vanderstichelen (PDF)

Faire de la Banque centrale européenne la pièce maîtresse d’une politique climatique européenne ambitieuse

Théo De Schutter a tracé les contours d’une stratégie climatique pour la fonction prudentielle de la Banque centrale européenne (BCE). Son présupposé est que celle-ci pourrait garantir bien plus efficacement la prise en compte des risques financiers liés au dérèglement climatique (CRR) par les institutions placées sous son contrôle, et cela malgré les contraintes des traités. L’originalité de son travail est d’analyser l’intégralité des barrières à la supervision des CRR (comportementales, méthodologiques, techniques, politiques) en s’intégrant au cadre légal, politique, institutionnel et opérationnel dans lequel évolue la BCE. Le plan d’action structuré qui en résulte, général mais directement utilisable par celle-ci, est le fruit d’une consultation de la société civile, des organisations, de la classe politique mais aussi des banques elles-mêmes. Ce plan insiste notamment sur le rôle potentiel de « Joints supervisory teams », des équipes assurant journalièrement la supervision des CRR dans les institutions bancaires.

> A télécharger : Mémoire Théo De Schutter (PDF)

Un réseau mondial hyperconnecté d’électricité : lubie futuriste ou, un jour, réalité ?

Maximilien de Le Hoye s’est intéressé aux conditions de réalisation d’un réseau mondial d’électricité, basé sur une maximisation des interconnexions entre régions et continents, permettant un accès universel à l’électricité à un prix acceptable. Un tel réseau aurait pour avantage, notamment, d’atténuer les faiblesses connues des énergies renouvelables (volatilité, variabilité, stockage, « consommation » de sols...). Maximilien de Le Hoye a confronté la littérature internationale sur ce sujet à l’avis d’une série d’acteur·rice·s clés actif·ve·s dans les secteurs de la production, du transport et de la régulation de l’électricité, analysant ainsi les intérêts et inconvénients des différents modèles financiers possibles pour ces interconnexions : marchands, régulés ou hybrides. Il a aussi analysé, entre autres, les conditions de participation européenne à un tel réseau (Green Deal) et les modalités de consultation voire de participation des citoyen·ne·s et des autorités locales (potentiellement tentés par des réflexes d’opposition). 

> A télécharger :  Mémoire Maximilien de Le Hoye (PDF)

Une « communauté de voisin·e·s » autour des propriétaires de panneaux photovoltaïques

Le travail de Jean Frippiat porte sur la première Communauté d’Énergie Renouvelable (CER) en exercice en Belgique, localisée à Ganshoren (Région de Bruxelles-capitale). La CER est l’un des trois outils prévus par une directive européenne de 2018 destinée à promouvoir le partage et la gestion de l’énergie entre citoyen·ne·s. L’auteur a mené une étude technique permettant, sur base des compteurs communicants, de mettre au point un outil capable de quantifier le partage d’énergie entre voisin·e·s. Un tel système permet de rendre le surplus de production d’électricité générée par les panneaux solaires directement utilisable par les voisin·e·s, au lieu d’être réinjecté sur le réseau, et cela non seulement à leur avantage financier, mais aussi dans le souci d’une meilleure « lisibilité » de sa consommation quotidienne. Autre avantage – une fois que le cadre réglementaire sera adapté : permettre à des acteurs à faibles moyens financiers (ménages ou… entreprises !), traditionnellement éloignés de la transition énergétique, de participer activement à celle-ci.

> A télécharger : Mémoire Jean Frippiat (PDF)