Région de Bruxelles capitale

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Toute construction implique l’excavation du terrain. Les terres extraites sont difficiles à stocker et leur transport est polluant. Chaque année à Bruxelles et en Flandre, 22,5 millions de tonnes de terres sont ainsi excavées, dont 75% ne sont pas polluées. Ces terres finissent pour 40% dans des circuits non-circulaires comme la construction de routes, et pour 60% stockées comme déchets dans des carrières.

ll y a un an Ken De Cooman - architecte, 35 ans, originaire de Dendermonde - et Nicolas Coeckelberghs – architecte, 33 ans, originaire de Bruxelles - lançaient à Bruxelles BC materials. Cette start-up a vu le jour suite à BC Architects & Studies, un bureau bruxellois d’étude et d’architecture spécialisé en limon et construction circulaire, cofondé déjà par Ken et Nicolas. BC materials s’emploie à donner aux terres de déblai de chantiers une seconde vie, en rétablissant une logique circulaire et locale. L’équipe de BC materials transforme les terres de déblai en matériaux de construction de terre crue, tels que des briques en terre comprimée (BTC), des enduits et du pisé. Ces matériaux au bilan carbone neutre assurent une atmosphère saine dans le bâtiment et sont très économes en énergie grise. Après utilisation, ils peuvent retourner à la terre ou être réutilisés à des fins identiques, dans un processus circulaire continu.
En Région de Bruxelles Capitale, BC materials opère à Tour & Taxis dans une infrastructure fixe et protégée afin de fabriquer des produits prêts à l’emploi, mais la start-up offre également un service sur mesure en se déplaçant sur chantier pour une production in situ dans le reste de la Belgique. De ce fait, l’infrastructure et la logistique de BC materials restent toujours près des ressources, minimisant ainsi au maximum les transports.

Ken De Cooman précise pourquoi BC materials a posé sa candidature pour un prêt subordonné convertible du Fonds SE’nSE : « Dans la phase de commercialisation dans laquelle nous nous trouvons, afin d’atteindre nos groupes-cibles, nous pensons que ce prêt de 50.000 € du Fonds SE'nSE dispose de l’ampleur, du timing et de la flexibilité dont nous avons besoin pour un financement à moyen terme. Nous accordons aussi beaucoup de valeur au réseau ainsi qu’à l’expertise et le feedback que le Fonds SE'nSE peut nous apporter ».  

L'expérience du panel citoyen : pas de démocratie durable sans la conviction et l'engagement du personnel politique.

Le travail d’Elsa Ogien porte sur les remèdes à la désaffection citoyenne envers les représentants politiques et, plus précisément, sur le rôle des panels citoyens comme voie possible de réenchantement d’exercice de la démocratie. L’étudiante a travaillé sur les impacts du WAM1080 (« We are Molenbeek »), un panel citoyen qui s’est réuni à Molenbeek en mars 2017 sur le thème de la radicalisation des jeunes et de la cohésion sociale. L’originalité de son approche a consisté s’intéresser aux effets de ce panel sur les acteurs politiques et administratifs de la commune et non sur les citoyens participants. Elsa Ogien a mené des entretiens en face à face avec 11 membres du personnel politique et administratif molenbeekois. Elle a analysé non seulement l’importance du souvenir laissé par cette initiative un an après sa tenue et son impact pratique (mise en place - ou non - des recommandations émises par les citoyens), mais aussi son impact épistémique, soit l’évolution des représentations relatives à ces pratiques délibératives. L’impact du WAM1080 ayant été jugé relativement faible sur les personnes interrogées, l’étudiante formule une série de suggestions permettant de favoriser l’institutionnalisation des panels citoyens dans les pratiques politiques. Parmi celles-ci : la formation des membres de la sphère politique à la démocratie délibérative, afin de permettre une pratique plus engagée dès la mise en place de ce type de dispositifs.

YouMeal est un logiciel en ligne, dédié à l’analyse de l’impact de l’alimentation sur la santé humaine et sur l’environnement. La technologie est liée à une base de donnée alimentaire étendue liée à des algorithmes avancés et s’adresse à tous les acteurs de la chaîne de production alimentaire. L’objectif est de renouer un lien de confiance entre les producteurs et les consommateurs : le logiciel fournit aux producteurs des outils d’optimisation et de communication avancés pour leurs produits, leur permettant d’informer de façon précise et intuitive les consommateurs afin qu’ils puissent choisir leur alimentation en relation avec leur santé et l’environnement.

Local Repair est une application mobile et un site web qui visent à mettre en relation des utilisateurs de produits technologiques qui ont besoin d’aide et une communauté d’experts de proximité pouvant apporter une assistance à domicile, régler des problèmes ou prendre en charge des réparations. Local Repair permet aussi de récupérer des appareils en panne en tant que pièces détachées pour prolonger la durée de vie d’autres appareils et réduire la production de déchets. Fort d’une communauté de plusieurs centaines d’experts localisés et classés en fonction de leurs compétences, Local Repair vise à structurer le marché de la réparation. Local Repair est aussi un outil à la disposition des entreprises désireuses de réduire leurs frais de support et d’améliorer la satisfaction de leurs clients grâce à un service à domicile.

Local Repair a mis un terme à ses activités en 2019.

Little Food est leader et pionnier dans l'élevage, la préparation et la promotion du grillon en tant qu'aliment. Le duo a commencé ses recherches fin 2013 et lancé son premier produit en août 2015. Puis l'équipe a grandi et en 2017 elle a déménagé à Greenbizz (Laeken) pour construire la première ferme d'insectes urbaine et verticale travaillant en économie circulaire et à partir d'intrants BIO. Une exclusivité mondiale.

Little Food a mis un terme à ses activités en 2019. L’équipe a su tirer de riches conclusions de cette expérience entrepreneuriale ambitieuse. L’échec auquel font face, et feront encore face, certaines startups lauréates du Fonds SE’nSE, ne doit pas être pointé du doigt. Qui dit prise de risque dit possibilité d’échec. Et qui dit échec dit opportunité d’apprendre et de rebondir en ayant tiré les leçons. C’est ce que les entrepreneurs de Little Food ont fait.

La Poudrière est une communauté de vie et de travail autogérée et pluraliste où l’humain retrouve une place centrale. Chacun des sites (à Bruxelles, en Flandre et en Wallonie) rassemble des familles et des célibataires de tous les âges, de tous les milieux sociaux et de toutes les confessions. La communauté offre un autre choix face à l’individualisme, au capitalisme et à la mentalité du tout jetable depuis près de 60 ans. Elle assure le maintien de son autonomie financière à travers la collecte, le recyclage et la revente de déchets et d’objets réutilisables. Son but : offrir un cadre chaleureux ainsi qu’une aide morale ou matérielle aux personnes en difficulté.

Une association qui ne date pas d’hier

Une première communauté a vu le jour naturellement en 1958 dans un quartier défavorisé de Bruxelles. Dès le tout début, les membres partagent leurs revenus, leur travail, leurs repas et leur temps libre. La Poudrière devient une ASBL en 1964. Une dizaine d’années plus tard, c’est une deuxième communauté qui ouvre ses portes. La Poudrière devient un lieu vers lequel peuvent se tourner les personnes en situation de vulnérabilité : elles y sont accueillies par des citoyens disposant de moyens sociaux ou financiers plus importants. En 2017, une communauté est implantée dans chacune des trois régions du pays, plus précisément à Bruxelles, à Rumigny et à Péruwelz. Ses membres génèrent des revenus à travers le ramassage, le tri et le recyclage de déchets, mais aussi grâce à la collecte de meubles, d’appareils ménagers, de vêtements et d’autres objets réutilisables qu’ils mettent ensuite en vente sur internet ou dans leurs boutiques.

L’esprit de Gandhi

La Poudrière s’appuie sur l’un des célèbres principes de Gandhi : « Vivons simplement pour que d’autres puissent simplement vivre ». À cet égard, l’unité et l’égalité sont des valeurs essentielles. La communauté souhaite lutter contre le gaspillage et encourager le partage pour « offrir une autre solution à une société qui s’est égarée », explique Yves Dosimont. « Notre approche tient la route, puisque nous existons depuis près de 60 ans». La communauté entend ainsi offrir une aide à celles et ceux qui vivent dans la pauvreté, qui ont du mal à trouver une place dans des entreprises spécialisées ou, tout simplement, qui ont besoin d’une pause.

Le Community Land Trust Bruxelles (CLTB) considère le sol comme un bien commun. L’ASBL construit donc des logements destinés à des familles bruxelloises à faibles revenus. Concrètement, elle achète des logements grâce à des subventions de la Région de Bruxelles-Capitale et reste propriétaire du terrain, tandis que les occupants deviennent propriétaires de la construction. Grâce à cette méthode, les logements demeurent abordables sans que de nouvelles subventions soient nécessaires. Le CLTB brise ainsi le cercle vicieux de la pauvreté à travers une approche participative.

Un modèle anglo-saxon

Le CLTB est le fruit d’une initiative citoyenne qui, en 2008, a décidé d’importer à Bruxelles le concept de logement anglo-saxon de « community land trust ». « Ce modèle, jusqu’alors inconnu en Belgique, apporte une réponse aux problèmes de logement et de pauvreté dans les grandes villes tout en assurant une gestion durable des aides publiques », explique Geert De Pauw, coordinateur du CLTB. En 2012, la Région de Bruxelles-Capitale a accordé une subvention pour l’achat du premier bâtiment grâce à une étude de faisabilité convaincante. Les premiers occupants se sont installés dans les neuf nouveaux logements de CLTB en 2015. À la mi-2017, on compte une centaine de logements et quatre infrastructures collectives en construction. CLTB fait désormais figure d’exemple pour d’autres associations en Belgique, mais aussi dans le reste de l’Europe.  

Un sentiment d’appartenance

L’un des objectifs centraux du CLTB consiste à stimuler le sentiment d’appartenance, la solidarité et la cohésion sociale. Les groupes d’occupants multiculturels sont déjà constitués avant la pose de la première pierre afin que chacun ait sa place. Un multiculturalisme qui est à la fois un atout et un défi. Les occupants jouent un rôle central dans le développement du projet et c’est donc avec plaisir qu’ils en assurent la gestion par la suite. Lorsque le site le permet, tous les groupes d’habitants disposent d’un jardin et d’un espace collectifs, ce dernier faisant office de lieu de réunion ou de détente.  
 

L’idée de produire à Bruxelles des champignons et de l’engrais au départ de marc de café récupéré dans des entreprises locales est une innovation entrepreneuriale de caractère. Trois jeunes entrepreneurs, passionnés de champignons et d’environnement se sont interrogés sur leur capacité à réduire la consommation d’énergies fossiles, construire une économie locale et développer une entreprise sur un modèle économique durable.

Lancé en 2014 après une année expérimentale, le projet de créer une champignonnière au cœur de Bruxelles a rapidement rencontré le succès. Installée dans les caves de Tour & Taxis, l’entreprise produira 900 kilos de pleurotes et aura récolté 3 tonnes de marc de café cette première année. Dès l’année 2015, le triplement des chiffres montre que l’idée plaît au public et la production de kits de pleurotes pour cultiver des champignons à domicile se développe remarquablement. La récolte des marcs de café passe à 15 tonnes uniquement obtenues dans le Pentagone bruxellois. Un partenariat avec ParkFarm et la Ferme Nos Pilifs va permettre d’utiliser les 14 tonnes de résidus du marc dans l’agriculture urbaine qui se renforce à Bruxelles.

À côté de son rôle de producteur de champignons, l’équipe de PermaFungi veut aussi être un acteur de changement. Ateliers et workshops se développent et rencontrent un public de plus en plus nombreux à souhaiter produire des champignons à domicile. C’est à la suite de ces workshops que l’entreprise va avoir la possibilité d’installer une seconde champignonnière dans la commune de Saint-Gilles.

L’entreprise souhaite créer un réseau décentralisé de production de champignons. Le but est de valoriser du marc de café produit localement, développer l’économie locale et sensibiliser la population. Le développement du projet est aussi lié à l’une des missions de l’entreprise : favoriser l’entrepreneuriat social. Elle veut intéresser la population à la culture de champignons et former les citoyens afin qu’ils puissent à leur tour mettre en route une production de champignons.

Dans le domaine de la finance responsable, les "Social Impact Bonds" (SIB) occupent une place particulière. Il s'agit d'instruments financiers destinés à générer un rendement tout en contribuant à la résolution d'une problématique sociale ou environnementale précise. Le premier SIB belge, réservé aux investisseurs sociaux professionnels, a été lancé en février 2014 par Actiris, le service public chargé de l'emploi en Région Bruxelles-Capitale, et Duo for a Job, une ASBL d'insertion socio-professionnelle. Virginie Smans a étudié la méthode d'évaluation de ses impacts sociaux. Après avoir longuement interviewé ses diverses parties prenantes, elle est arrivée à la conclusion que le système de mesure utilisé pour cette évaluation était à la fois efficace, économe et efficient. Elle n'en suggère pas moins une série d'améliorations, notamment sur le timing de nomination du vérificateur méthodologique et sur les coûts de fonctionnement générés par le SIB. Autant de pistes susceptibles d'inspirer les futurs lancements de SIB sur le marché.

Les potagers urbains, en Belgique, sont en plein essor.  La Région bruxelloise en compte près de 200. Parallèlement, la notion de "communs", proposée par Elinor Ostrom (prix Nobel d'économie, 2009), s'est considérablement développée ces dernières années. Elle désigne une série de pratiques dont le mode de gouvernance ne ressemble ni à l’État, ni aux règles du marché. Clarisse Van Tichelen a voulu savoir si, à la lueur de cette notion, les potagers collectifs s'avèrent des outils efficaces vers une transition sociale et écologique. Le mode de gestion de 42 potagers a été analysé. Il en résulte que ceux-ci constituent des institutions durables et robustes au sens d'Ostrom, leurs impacts sociaux (notamment) étant loin d'être négligeables. Leur capacité en termes de volume de production, en revanche, reste faible, tout comme leur potentiel de transformation économique. L'apport le plus important des potagers est de peser sur les normes: ils montrent, quotidiennement, que des alternatives durables sont réalisables et souhaitables.