Environment

Les centres de données (data center) constituent le centre névralgique de l'immense domaine voué à l'échange d'informations à travers le monde : courriels, réseaux sociaux, commerces et hébergements en ligne, transactions bancaires, gestions des administrations privées et publiques, etc. Le travail de Lætitia Martin s'attelle à analyser les impacts environnementaux, énergétiques et climatiques de ce secteur en pleine expansion. Après avoir dressé un état des lieux des data centers, l'auteur présente les avantages et inconvénients de trois indicateurs - consommation d'énergie, consommation d'eau et intensité carbone - permettant d'évaluer leurs impacts et, le cas échéant, de les minimiser. Elle fait le point sur les initiatives et bonnes pratiques mises en œuvre par les gestionnaires des centres pour diminuer ces impacts. Elle évalue l'intérêt (réel ou relevant plutôt du greenwashing) de diverses pistes d'amélioration en les regroupant autour de trois axes: le choix des équipements (levier physique), la gouvernance (levier organisationnel) et le facteur humain, ce dernier allant jusqu'à l'usager final. Parmi les améliorations possibles: le refroidissement, le confinement des allées, le recours à des énergies renouvelables locales, la composition initiale des équipements, le verdissement de l'opérationnalisation, etc. Enfin, une application théorique est tentée sur la rénovation du centre de données de l'ULB.

Ce travail a été réalisé par trois étudiants inscrits dans des facultés différentes de l'UCL. Fruit de deux années de Master, il s'inscrit dans le cadre de la formation en création de PME. Adrien Dewalque, Simon De Roo et Angelo Rodriguez Garcia ont étudié la faisabilité de la création d'une entreprise axée sur la conception, la production, la distribution et la fourniture de maintenance pour des unités de micro-cogénération de petite puissance alimentées au biogaz à destination des agriculteurs wallons. Pour faire tourner ces installations, aucune culture énergétique n'est exigée, seuls les lisiers  et fumiers provenant du bétail bovin des exploitations locales étant requis. Un contrat de maintenance de sept ans est proposé aux éleveurs. Le business model mis au point est basé sur le système du tiers investisseur. L'offre proposée in fine aux agriculteurs concerne une unité de cogénération de 10 kW rentable après cinq à huit ans, vendue au prix de 138.000 euros. Baptisé Ogees, ce projet entrepreneurial s'inscrit dans le contexte de la réduction de la dépendance énergétique wallonne et européenne, et dans celui de la diversification des revenus des agriculteurs.

Né à la fin de la Deuxième guerre mondiale au Royaume-Uni, le véganisme ne cesse de progresser dans les sociétés occidentales. Ce mouvement de boycott des produits animaux est mû par des motivations éthiques, diététiques, environnementales et sociales. Après en avoir dressé l'état des lieux international, Aline Spriet analyse la pertinence des chiffres véhiculés par deux des principales associations véganes européennes (Vegan Society et Société végane française) à la lueur des projections et des statistiques de la FAO en matière de production et consommation mondiales. Dans le but d'objectif au maximum la thématique, elle analyse tout particulièrement deux des motivations environnementales du véganisme (emprise territoriale des élevages et émissions de gaz à effets de serre) au regard de la littérature existante. Malgré ses limites, ce travail démontre que ces deux aspects environnementaux sont largement corroborés par les études scientifiques disponibles: l'alimentation végane est en effet très économe dans ces deux domaines. L'auteure reste nettement plus réservée quant à l'impact du véganisme dans la transition vers des systèmes alimentaires plus durables et vers une réorientation du secteur économique international de l'élevage.

Les perturbateurs endocriniens sont des micro-polluants capables, même à des doses très réduites, d'interférer avec les systèmes hormonaux d'organismes humains et animaux. Agathe Salmon s'est intéressée à l'un d'eux, le 17α-éthinylestradiol (EE2), composant principal des pilules contraceptives. Elle a d'abord détaillé son trajet depuis les urines féminines jusqu'aux écosystèmes aquatiques, puis ses impacts sur les poissons qui y sont exposés. Elle a ensuite mis en évidence, via une enquête par questionnaires menée auprès de 790 étudiants en médecine et médecins prescripteurs, le peu de connaissances qu'ont ces derniers de ces impacts. Ils sont néanmoins largement demandeurs d'informations fondées à ce sujet. Forte de ces constats, Agathe Salmon propose d'attribuer une note écologique aux médicaments œstroprogestatifs selon divers critères (capacité de dégradation, toxicité, bioaccumulation...). Inspirée d'expériences menées avec succès à l'étranger, une telle proposition pourrait intégrer la préoccupation écologique à la pratique gynécologique.

La culture des coraux: un outil de développement prometteur pour les communautés villageoises de pêcheurs de Madagascar. Et... pour l'écosystème marin.

Partout dans le monde, les récifs coralliens connaissent depuis trente à quarante ans une profonde dégradation de leur état de santé. A Madagascar, les régions où ces récifs sont implantés sont généralement des zones de pêche traditionnelle, où se pratique également la culture d’algues et d’holothuries. Dans sa thèse, Gildas Todinanahary analyse dans quelle mesure ces activités de prélèvements d’organismes marins pourraient être complétées par une activité de coralliculture soutenable, destinée tant au marché de l’aquariophilie qu’à celui la conservation des récifs et de la biodiversité. Pour évaluer le potentiel biologique et socio-économique de ce scénario, Gildas Todinanahary a réactualisé (notamment sur le plan génétique) des données biologiques anciennes, identifié les espèces de scléractiniaires (coraux durs, constructeurs de récifs) les plus intéressantes, étudié leur potentiel de reproduction naturelle, réalisé des simulations de transport et, enfin, mis au point un « business model ». Celui-ci a démontré que l’élevage de corail, en tant qu’activité complémentaire, pouvait bénéficier aux communautés pêcheuses villageoises du sud de Madagascar tout en contribuant à la conservation de l’écosystème marin.

La biodiversité en Wallonie : après Natura 2000, l’heure H

Avec l’intensification des pratiques agricoles et sylvicoles, l’urbanisation des campagnes constitue l’une des principales menaces pour la biodiversité dans notre pays, densément peuplé. Aujourd’hui encore, la conservation de la nature pâtit trop souvent des décisions prises en aménagement du territoire.

Pour remédier à cette situation, certains scientifiques dont le lauréat préconisent la création d’un réseau d’habitats interconnectés où l’homme et la nature pourraient coexister. Dépassant la portée du réseau européen Natura 2000, la Wallonie pourrait ainsi créer un véritable réseau écologique planifié à l’échelle de tout son territoire. Elle assurerait ainsi une réelle prise en compte de la biodiversité dans toutes ses politiques de gestion de l’espace. Gage de sérénité : ce « réseau écologique wallon pourrait s’ériger en collaboration avec les communes et… sur la base d’une véritable concertation avec propriétaires concernés. L’heure d’un véritable développement territorial durable en Wallonie ?

Cet immeuble de 7 niveaux est conçu comme une carcasse de béton massif et brut, bien isolée, où la masse assure l'inertie thermique et le confort des habitants, employés et visiteurs. Le mobilier fait office de cloisons pour délimiter des espaces modulables en fonction des besoins. Le mode de construction brut, quasi gros-œuvre, met en lumière le béton et fait l'économie des finitions. La collaboration avec l'immeuble voisin pour le partage du terrain et du chantier (grue, entrepreneur, ...) a permis de réaliser davantage d'économies.

Jusqu'il y a peu cette parcelle au cœur de la ville d'Anvers faisait piètre figure. Le bureau d'architecture Cuypers & Q y a construit pour son usage personnel et professionnel un bâtiment qui comporte, de bas en haut, un espace professionnel sur deux niveaux avec un patio, un étage-tampon entre les locaux professionnels et l'habitation où sont installées les chambres à coucher, un étage séjour avec coin repas en duplex et une terrasse couverte avec coin repos, un jardin en toiture et une véranda. Un jeu subtil avec les espaces et les fonctions ont permis à Cuypers et Q de s'installer confortablement sur une petite surface et de redonner une place à la nature pour laisser une empreinte écologique minimale.

Le projet est conçu comme une carcasse de béton massif et brut, bien isolée, où la masse assure l'inertie thermique et le confort nivelé pour les habitants, employés et visiteurs. Les mobiliers sont conçus comme des cloisons pour délimiter des espaces modulables et divisibles en fonction de l'évolution et des besoins.

Toutes les phases du processus de construction – avant, pendant et après – ont été guidées par une approche durable tant sur le plan de l'énergie que de l'empreinte écologique, du style de vie et de la philosophie de travail. Le bureau fait entre autres de l'autopartage pour les visites de chantier tandis que les propriétaires et les employés utilisent au maximum le vélo et les transports publics. Au niveau des techniques : ventilation équilibrée avec récupération de chaleur D+ et régulation en fonction de la demande et système de micro-cogénération avec condensateur. Les travaux de construction ont été réalisés par des entrepreneurs locaux qui utilisent des matériaux de la région.

Si l'autonomie du bâtiment en lui-même est assurée, son intégration dans le quartier a également été prise en considération. Les façades, par exemple, sont conçues en fonction d'une transparence maximale vers la ville tandis que les habitants comme les employés bénéficient au maximum des gains passifs de température et de lumière naturelle. Le mode de construction brute, quasi niveau gros-œuvre, met en lumière le béton et fait l'économie des finitions. La collaboration avec l'immeuble voisin pour le partage du terrain et du chantier (grue, entrepreneur ...) a permis de réaliser davantage d'économies.

Matthieu Delatte a su tirer parti de la configuration du terrain (une parcelle bon marché, étroite et à grande dénivellation) pour concevoir une habitation intégrant les principes de la bioclimatique. Au centre de la maison et de la vision de l’architecte, le retour à la chaleur du foyer ancestral via l’utilisation d’un poêle de masse « zéro carbone ». Un chantier de 6 mois, des matériaux naturels et chaleureux et des finitions à réaliser soi-même au fur et à mesure ont permis à la famille de s’installer rapidement et de faire des économies.

La maison unifamiliale a été construite sur une parcelle extrêmement étroite avec une grande dénivellation nécessitant le recours à des parois pour retenir la terre. C'est justement la configuration du terrain et la pente bien orientée qui ont permis à Matthieu Delatte de concevoir une habitation intégrant les principes de la bioclimatique. La façade à rue, orientée vers le sud, s'ouvre généreusement pour tirer parti de la chaleur du soleil. La façade arrière est à moitié enterrée, limitant de ce fait les pertes de chaleur du côté nord et permettant de stocker la chaleur par inertie dans un mur isolé en béton de chanvre-chaux. La ventilation n'est pas mécanique mais se fait naturellement. Le vitrage à facteur solaire élevé (g=0,64) assure la pénétration optimale de la chaleur du soleil en hiver, tandis que la végétation abondante protège la façade sud en période estivale. Le besoin de chaleur de chauffage (estimée à 41kWh/m² par an) est fourni par un poêle de masse zéro carbone. L'utilisation d'un foyer est au centre de la réflexion et de la maison. Selon Mathieu Delatte, l’homme a besoin de pouvoir se réchauffer au coin du feu. L'unique intervention technologique est l'installation en toiture de capteurs solaires thermiques et d'un boiler solaire permettant d'assurer 70% des besoins en eau chaude sanitaire. Une citerne pour la collecte des eaux de pluie a également été installée.

Des considérations écologiques et de confort ont mené au choix de matériaux naturels pour l'isolation du bâtiment dont la structure est en bois : ballots de paille pour les murs extérieurs en élévation d'une épaisseur de 36 cm et du béton de chanvre-chaux dans les murs enterrés. Matthieu Delatte a choisi ces matériaux non seulement parce qu'ils sont entièrement biologiquement dégradables et bon marché, mais aussi en raison de leur grande inertie thermique : ils stockent la chaleur et la rendent lentement tandis qu'ils assurent la régulation du degré d'humidité de façon tout à fait naturelle. Contre le mur mitoyen, une structure en bois a été réalisée à l'intérieur de laquelle l'isolation est de la laine de bois. Les enduits extérieurs sont à base de chaux-plâtre et les enduits intérieurs à base d'argile et de chaux. Tous les matériaux de construction ont été choisis en raison de leurs caractéristiques économiques, techniques et écologiques, leur origine locale et la faculté de garantir un climat intérieur sain. Pour l'architecte, le bien-être des habitants est au coeur de sa réflexion, sans que cela ne tourne au luxe et à l'abondance. C'est la raison pour laquelle la construction est restée modeste. A l'avenir et en fonction de l'évolution de la situation financière, la maison pourra être progressivement  aménagée et transformée en fonction des besoins.

L'ouragan « Stan » : entre réforme agraire et pratiques chamaniques

Lorsqu'on tente d'expliquer une catastrophe naturelle, on a de plus en plus tendance à ne pas pointer exclusivement l'élément perturbateur lui-même - un ouragan, par exemple - mais à identifier également divers facteurs anthropiques (politiques, urbanistiques, démographiques, agricoles…) ayant aggravé ou modéré les impacts de celui-ci. Tout bénéfice pour une analyse multidisciplinaire. Mais, influencés par leurs lunettes occidentales ethno-centrées, beaucoup d'experts sont tentés, lorsqu'ils se penchent sur le Sud, de négliger une dimension supplémentaire située aux confins du symbolique et du spirituel : la tombée en désuétude de rites coutumiers.

Solutions durables pour stopper la dégradation des ressources en eau des villes des pays en développement

Cette thèse étudie la gestion des ressources en eau, dans les villes des pays en développement, en proie à une urbanisation anarchique. Elle met en évidence les facteurs à l'origine de la gestion approximative de leurs ressources en eau et développe une stratégie cohérente pour une gestion rationnelle et durable de l'eau. L'étude a été menée dans le bassin versant de l'Abiergué à Yaoundé (Cameroun) et repose sur une démarche holistique et participative, découlant d'une combinaison des approches "Gestion Intégrée des Ressources en Eau " et "Ecosystème et Santé humaine".

l en ressort que des facteurs d'ordre historique, politique, économique, social, environnemental et mésologique ont structurés une gestion des ressources en eau marquée par de nombreuses lacunes et contraintes. Le faible accès à l'eau potable et à l'assainissement, les inondations, l'endémicité des maladies hydriques, la pollution des eaux... contribuent à la paupérisation des ménages et freinent le développement des villes.

A travers différents scénarios,  l'étude propose des actions concrètes qui intègrent l'éducation, l'amélioration du service de collecte et de traitement des déchets et leur gestion efficace, l'aménagement de l'espace urbain, tout en prenant aussi en compte les aspects sociaux et fonciers.