Voeding

Né à la fin de la Deuxième guerre mondiale au Royaume-Uni, le véganisme ne cesse de progresser dans les sociétés occidentales. Ce mouvement de boycott des produits animaux est mû par des motivations éthiques, diététiques, environnementales et sociales. Après en avoir dressé l'état des lieux international, Aline Spriet analyse la pertinence des chiffres véhiculés par deux des principales associations véganes européennes (Vegan Society et Société végane française) à la lueur des projections et des statistiques de la FAO en matière de production et consommation mondiales. Dans le but d'objectif au maximum la thématique, elle analyse tout particulièrement deux des motivations environnementales du véganisme (emprise territoriale des élevages et émissions de gaz à effets de serre) au regard de la littérature existante. Malgré ses limites, ce travail démontre que ces deux aspects environnementaux sont largement corroborés par les études scientifiques disponibles: l'alimentation végane est en effet très économe dans ces deux domaines. L'auteure reste nettement plus réservée quant à l'impact du véganisme dans la transition vers des systèmes alimentaires plus durables et vers une réorientation du secteur économique international de l'élevage.

Le travail de Bastien Van Grunderbeeck porte sur les déchets générés par les systèmes alimentaires alternatifs et, plus spécifiquement, sur la coopérative bruxelloise Färm. Née en 2013, celle-ci consiste en un réseau de magasins bios promouvant une alimentation bio, locale et de saison. Après avoir étudié l'impact économique et environnemental de la gestion des déchets dans l'un des magasins de la chaîne, l'auteur a réalisé une analyse de cycle de vie d'un panier de fruits et légumes sur l'ensemble du système alimentaire, soit du producteur jusqu'au consommateur. Son travail met en évidence l'impact important du distributeur dans la chaîne alimentaire, tant en matière de lutte contre les pertes de produits (invendus) qu'en matière de recours aux emballages, contenants et matériaux de transport jetés par le magasin ou fournis aux consommateurs. Il démontre que le modèle de distribution alternative génère à la fois des gains financiers, mais aussi de nombreux effets secondaires: performance logistique accrue, réduction des coûts sociaux et environnementaux, développement de partenariats, partage de connaissances, etc. Plus largement, il formule des enseignements et recommandations susceptibles de contribuer au renforcement du système alimentaire durable et résilient dans le contexte de l'agriculture urbaine.

La via campesina: un acteur international de poids vers la souveraineté alimentaire et une nouvelle forme de gouvernance mondiale.

La thèse de Priscilla Claeys est consacrée à La Via Campesina, réseau transnational de mouvements paysans rassemblant quelque 200 millions de petits agriculteurs au sein de 70 pays. Outre ses aspects conceptuels, le travail a consisté à mener plus de 110 entretiens et à participer à une soixantaine de réunions dans 13 pays de différents continents. Priscilla Claeys a étudié pourquoi et comment ce mouvement utilise les droits humains dans sa lutte pour la souveraineté alimentaire. Elle a analysé la lutte des paysans en faveur de la reconnaissance de nouveaux droits (à la terre, à la biodiversité, aux semences, ...). Elle a démontré que les mouvements paysans dépassent « le paradoxe de l’institutionnalisation », c’est-à-dire le risque de voir les droits perdre leur potentiel subversif et mobilisateur lorsqu’ils sont mis en oeuvre par les pouvoirs étatiques. Sa conclusion est qu’en cherchant à redéfinir les droits humains, la Via Campesina invite à un débat public sur l’avenir de la paysannerie mondiale et, plus largement encore, sur l’allocation des ressources naturelles.

L'économie circulaire dans l'agro-alimentaire: quel avenir en Belgique au-delà des success stories?

Le thème de l’économie circulaire envahit de plus en plus l’espace public et le débat sociétal, s’appuyant sur de nombreuses "histoires à succès". Cette présence massive contraste avec le peu de recherches académiques en la matière, particulièrement dans le domaine agro-alimentaire. Philippine de Radiguès a questionné la durabilité et la réplicabilité des chaînes de production circulaire de ce secteur en Belgique. Sur la base d’une vingtaine de rencontres avec des acteurs très variés, représentant des entreprises de taille, nature et histoire très diverses, elle a identifié les principales opportunités et limites à l’expansion de l’économie circulaire. Parmi ces limites, la récurrence d’obstacles techniques, le flou juridique et réglementaire frappant les notions de "déchets" et de "coproduits" et la difficulté de s’étendre au-delà des marchés de niche. Ces difficultés frappent davantage les initiatives récentes, innovant dans de nouveaux produits et secteurs, que les entreprises qui pratiquent de longue date des formes d’économie circulaire sans être nécessairement identifiées comme telles.

La protection de la ressource "eau" en Europe: une source d'inspiration pour la création d'un droit de l'homme à l'alimentation saine.

Le travail de Saba Parsa part de deux constats. Primo, les aliments transformés représentent près de 75 % des ventes alimentaires dans le monde et participent lourdement aux maladies non-transmissibles (obésité, diabète, hypertension, etc.). Secundo, la Cour européenne des Droits de l’homme ne reconnaît pas le droit à l’alimentation ni – a fortiori – le droit à l’alimentation saine. Saba Parsa a donc tenté d’établir la justiciabilité du droit à l’alimentation saine devant la juridiction strasbourgeoise en s’inspirant de sa jurisprudence relative au droit à l’eau. Situé à l’articulation du droit de l’environnement et du droit à la santé et porté par une logique « droit de l’hommiste », son travail fait écho à la popularité croissante de la notion de souveraineté alimentaire dans la société civile. En établissant les bases de la juridicité du droit à l’alimentation saine, sa recherche contribue également à questionner la responsabilité des États en la matière, tout en responsabilisant les multinationales du secteur agro-alimentaire.

De coöperatie maakt deel uit van de Luikse Voedselketen, brengt ruim 300 coöperanten samen en staat in voor korte bevoorradingsketens. Zo voorzien zij zichzelf van kwaliteitsvoeding. Het project steunt daarbij kleine ecologische telers die al dan niet afkomstig zijn uit het landbouwvak. De Compagnons de la Terre begeleiden ook traditionele landbouwers bij hun ecologische overgang.

In 2012 kocht een privé-koper (hij was geen professionele landbouwer) een bio-boerderij van 50 hectare. Door de schaarste aan landbouwpercelen, organiseerden de privé-koper en zelfstandige groentetelers van het Agentschap voor lokale ontwikkeling van Comblain-au-Pont zich om een gezamenlijk project van biologische landbouw uit te bouwen.

Niet lang daarna sloten andere zelfstandige telers en grondeigenaars zich aan bij de coöperatie. Deze samenvoeging leidde tot de ontwikkeling van een sociaal organisatiemodel voor telers en tot een grondig debat over het bestuur ervan. Honderden personen mobiliseerden zich voor een diepgaande hervorming van het Luikse voedingssysteem en 42 oprichters bouwden een nieuwe agro-ecologische productiesite uit in Mortier.

De coöperatie is geen koepel die topdown telers verenigt, maar wil een kennis- en administratief centrum zijn ten dienste van de landbouwers. Zo stelt ze contracten op voor zelfstandige telers en groepeert ze materiaal en andere middelen om die dan zo effectief mogelijk in te zetten.

Les Compagnons de la Terre wordt grotendeels door sociaal spaargeld mogelijk gemaakt. Het geld dient vooral om te investeren in grond en materiaal. Het systeem levert winstmarges op die de uitgaven van de exploitatie ruim dekken.
De coöperatie heeft een sociaal doel. Ze mikt op de creatie van een twintigtal duurzame jobs voor personen die zich sociaal en professioneel willen integreren in de samenleving. Een ander streefdoel is om in de voedingsbehoeftes van ongeveer 1000 Luikse gezinnen te kunnen voorzien.

Les nouveaux systèmes de distribution alimentaire ne cessent d'émerger. Pour connaître leur impact en matière d'émissions de gaz à effet de serre (GES) et proposer d'éventuelles améliorations, Solène Sureau a appliqué une analyse de cycle de vie à deux systèmes en circuit court (les paniers bios d'une coopérative et les GASAP) en les comparant à la distribution en circuit long. Il en résulte que le stade de la production constitue la principale source d'émissions. Pour la distribution, le supermarché enregistre le meilleur résultat. Viennent ensuite les GASAP, le magasin bio et, enfin, la coopérative. Ces résultats soulignent que si l'on veut évaluer l'impact en termes d'émissions de GES, l'analyse des kilomètres parcourus doit être complétée par celle de la chaîne logistique dans son ensemble. L'auteure situe cette problématique dans le cadre plus large du gaspillage alimentaire, de la qualité des produits et de leur origine géographique.

Depuis quelques années, le rapprochement du producteur et du consommateur au sein des systèmes alimentaires connaît un succès grandissant. Cette évolution se manifeste notamment dans l'engouement pour les paniers alimentaires. C'est dans ce contexte que se situe le travail de Manuel Lambert. Celui-ci s'est attaché à définir un système de production agroécologique adapté à une exploitation agricole biologique de 83 hectares (le Domaine de Graux, à Tournai). L'originalité de son approche consiste à avoir défini un panier alimentaire "idéal"' d'un point de vue nutritionnel (pauvre en céréales raffinées, bien équilibré en acides/bases ainsi qu’en acides gras, …) et d'avoir également défini le panier alimentaire "classique" du consommateur belge. Il a ensuite dimensionné et modélisé la production nécessaire pour répondre à ces besoins, estimant notamment les surfaces nécessaires au sein de l'exploitation. L'outil mis au point permet l'accompagnement potentiel d'autres projets agroécologiques et paysans.

Depuis une dizaine d'années, le secteur laitier européen est confronté à la volatilité des prix et à l'internationalisation des structures de récolte de lait. Face à ce constat, Véronique De Herde s'est posé la question de la viabilité des alternatives à la livraison de lait en laiterie conventionnelle et, plus largement, de leur contribution à une société "en transition". Son attention s'est portée sur les circuits de fabrication fromagère de la Région Herbagère liégeoise et de la Haute Ardenne. A travers la rencontre avec divers profils d'éleveurs et de fromagers, elle a analysé les itinéraires de transformation des exploitations et les différents freins à cette évolution: techniques, financiers, normatifs, culturels, géographiques, etc. Elle a notamment mis en évidence la persistance du cadre de pensée conventionnel parmi ces acteurs "alternatifs". Enfin, elle a émis des recommandations (formation, sensibilisation...) susceptibles d'inspirer les politiques publiques de soutien aux circuits alternatifs.