Comportements durables

Vêtithèques versus fast fashion. Dévoiler les verrouillages auxchangements de pratiqueshabituelles de consommation pour mieux les dépasser et favoriser le déploiement del’économie de la fonctionnalité dans le secteur de l’habillement.

Le champ abordé par la thèse de Coralie Muylaert est celui de l’économie de la fonctionnalité, à savoir l’économie qui promeut l’usage d’un bien plutôt que l’achat classique. L’autrice a cherché à expliquer ce qui bloque les changements de pratiques des consommateur·rices en matière d’habillement, en particulier leur faible recours aux vêtithèques (bibliothèques de vêtements). Grâce à la mise en place de six ateliers impliquant producteur·rices et consommateur·rices, elle a identifié deux niveaux de blocage principaux. Le premier est l’ensemble des routines de consommation de vêtements par les consommateur·rices. Le second, plus profond, est l’ensemble des constructions socio-culturelles qui y sont liées : dress codes, expression du statut social, poids du marketing, etc. Forte de ces constats, Coralie Muylaert propose une stratégie plus soutenable basée sur la promotion de tiers-lieux de type bibliothèques élargies, l’adoption de hacks (ruptures de routines d’achat), des campagnes publicitaires inspirées du modèle bruxellois Good Food, etc.

A télécharger : Thèse Coralie Muylaert

Coralie Muylaert a défendu sa thèse doctorale en sciences économiques et de gestion à HEC Liège (école de gestion de l’ULiège) en juin 2023. Elle est actuellement assistante de recherche post-doctorante pour la chaire interuniversitaire en économie sociale de l’UMONS.

Avec Loomy, Christophe De Troyer, docteur en sciences informatiques récemment diplômé, conçoit une lampe intelligente et une application mobile destinées à aider toute personne à faire des économies d’énergie et à consommer de manière plus durable. En collaboration avec Kimber Eeckhout, co-fondatrice du projet, Christophe développe Loomy depuis fin 2022 avec le soutien de Voka, de son coach Anja Cornelis, mais aussi grâce au programme d’entrepreneuriat postuniversitaire de HoGent et Odisee.

L’énergie est une dépense considérable dans le budget des familles, amplifiée par la crise énergétique. La transition vers la production propre (p. ex., panneaux solaires) et les nouveaux tarifs de réseau (tarif capacitaire) incitent les ménages à diminuer leur consommation d’énergie et à mieux répartir leur consommation tout au long de la journée. Cela signifie également qu’il existe un potentiel d’économies sur les factures.

Aujourd’hui, les consommateurs ont du mal à avoir un aperçu exploitable de leur consommation d’énergie. Les applications mobiles existantes présentent les informations de la manière la moins exploitable possible, à savoir à l’aide de graphiques représentant les kilowatts, kilowattheures, mètres cubes ou litres consommés.

La mission de Loomy consiste à donner aux individus - petits et grands - un aperçu exploitable de leur consommation d’énergie personnelle afin que nous puissions tous agir pour réduire notre consommation et mieux la répartir. Loomy développe une lampe intelligente qui, selon la couleur qu’elle émet, indique si l’utilisateur produit plus d’énergie qu’il n’en consomme et s’il a une consommation d’énergie normale ou excessive.

« Loomy est née de la nécessité de faire comprendre à ma compagne qu’avec nos nouveaux panneaux solaires, nous devions allumer plus souvent les appareils qui consomment de l’électricité pendant la journée. Pendant mon temps libre, j’ai développé plusieurs applications et sites web pour en faire la démonstration clairement et facilement, mais la lampe intelligente a été de loin la meilleure solution.

En tant qu’étudiant-entrepreneur, on apprend à se former de manière très large, ce qui n’est pas toujours le cas en tant qu’étudiant. Pour moi, c’est extrêmement enrichissant sur le plan personnel.

Grâce au soutien de la Fondation pour les Générations Futures, nous allons pouvoir mettre au point un prototype pour adapter au plus vite notre produit aux besoins du marché. »

Loomy remporte une bourse de prototypage de 5000 €.

Le développement des coopératives d’habitants pourrait-il devenir une stratégie pour l’avenir du logement urbain face aux enjeux actuels ? La Suisse comme modèle de l’habitat coopératif

Romain Defrang a consacré son travail à l’habitat alternatif et, tout particulièrement, aux coopératives d’habitant·e·s (CH), des groupes qui imaginent un projet d’habitat basé sur le principe d’autogestion. Cette nouvelle forme d’habitat, où chaque coopérateur·rice est propriétaire d’un espace privatif tout en bénéficiant d’espaces collectifs gérés par la coopérative, est très répandue en Suisse grâce au soutien des pouvoirs publics et à l’engouement des citoyen·ne·s, mais reste encore peu développée et peu encadrée en Belgique. Le travail se base notamment sur deux études de cas : la coopérative Soubeyran à Genève et la coopérative Kalkbreite à Zurich. Il met en avant les nombreux avantages du développement des CH : lutte contre la spéculation immobilière, mixité sociale et générationnelle, démarche durable et écologique, mutualisation, flexibilité, etc. Il explore également le rôle novateur de l’architecte au sein d’une telle formule d’habitat.

A télécharger : Mémoire Romain Defrang (PDF)
Intervention de Romain lors du webinaire, à partir de 00:06:20

Promoting integrated circuits reusability thanks to thermal annealing: an environmental and financial profitability study

Le travail d’Antoine Percy s’inscrit dans le contexte de pénurie généralisée de semi-conducteurs (puces électroniques) observée depuis 2020, particulièrement en Europe, qui dépend d’entreprises étrangères pour son approvisionnement. Il a démontré qu’il était techniquement faisable et économiquement viable d’ouvrir des unités de réutilisation des semi-conducteurs présents dans nos déchets électroniques. Il met plus particulièrement en évidence l’intérêt de réutiliser les mémoires flash par un procédé de recuit thermique. Facilement réplicable, le design d’unités de reconditionnement de ces puces électroniques permettrait non seulement de réduire la dépendance européenne face aux géants asiatiques et américains (TSMC, Samsung, Global Foundries…), mais aussi d’éviter la production annuelle de 0,6 à 1,4 mégatonne de CO2. Estimations chiffrées à l’appui, Antoine Percy propose d’établir en Europe une filière de reconditionnement des semi-conducteurs en parallèle à l’installation d’unités de production de semi-conducteurs neufs.

A télécharger : Mémoire Antoine Percy (PDF)
Intervention d'Antoine lors du webinaire, à partir de 01:05:24

L’obsolescence prématurée à l’épreuve du droit à la réparabilité européen. Une approche environnementale de l’obsolescence des appareils électriques et électroniques dans l’écoconception et la garantie légale de conformité

Le travail de Nicolas Mouton repose sur un constat alarmant : d’une part, les appareils électriques et électroniques (AEE) constituent l’un des flux de déchets à croissance très rapide dans l’Union européenne, alors même que leur production épuise nos écosystèmes (perte de terres fertiles, rejets d’eaux polluées, rudesse des conditions travail, etc.) ; d’autre part, les droits nationaux et européens peinent à lutter contre l’obsolescence programmée de ces appareils, tantôt parce que le champ d’application des normes est trop restrictif, tantôt parce que la charge de la preuve est trop difficile à obtenir. Nicolas Mouton a donc analysé les forces et les faiblesses de deux instruments juridiques européens présentant les prémisses d’un droit à la réparabilité des AEE : la directive sur l’écoconception et la directive sur la garantie légale de conformité. Ceux deux instruments manquent d’ambition, conclut-il, mais les solutions réalistes existent d’ores et déjà et n’attendent plus que leur mise en pratique.

A télécharger : Mémoire Nicolas Mouton (PDF)
Intervention de Nicolas lors du webinaire, à partir de 00:50:40

Étude de l’intégration d’une composante verte et durable dans l’éducation du patient asthmatique à l’officine

La Belgique compte entre 400.000 et 1.000.000 de personnes souffrant d’asthme, dont la plupart utilisent peu ou prou des inhalateurs. Eléa Piccard a cherché à apporter une composante verte et durable dans leur éducation thérapeutique en officine en diminuant l’empreinte environnementale de ces appareillages, tant en matière de réduction des gaz à effet de serre qu’en matière de réduction des déchets. Pour ce faire, elle a mené des entretiens semi-directifs auprès de 13 pharmacien·ne·s de la Province de Liège. Ces rencontres lui ont permis d’identifier les freins et les leviers à une pratique plus environnementale des pharmacien·ne·s et, notamment, à une meilleure efficacité des entretiens d’accompagnement de bon usage des médicaments prévus par l’INAMI. Parmi les pistes suggérées : la promotion d’inhalateurs moins polluants (dits « à poudre sèche »), l’installation de filières spécifiques de recyclage et une plus grande implication de tout ce qui se situe en « amont » de l’officine : médecins prescripteurs, firmes et délégué·e·s commerciaux·ales, réglementations, etc.

A télécharger : Mémoire Eléa Piccard (PDF)
Intervention d'Eléa lors du webinaire, à partir de 00:53:47

Peut-on réguler la publicité pour des produits non durables ? État des lieux et droit comparé

Le travail d’Adrian Eylenbosch part du constat que la publicité diffuse des messages diamétralement opposés à la transition écologique. Parmi les solutions possibles, il préconise de réguler la publicité pour les produits non durables. Si on la compare à la France, la Belgique n’en est quasiment nulle part en la matière. En s’inspirant particulièrement des conclusions de la Convention citoyenne pour le climat (France, 2020), Adrian Eylenbosch a analysé les législations et les travaux parlementaires menés dans les deux pays, le rôle et les limites des organes d’autodiscipline publicitaire, la légalité de la régulation et ses obstacles et, enfin, le droit européen et de certains pays européens. Son approche s’est basée tant sur les effets environnementaux directs qu’indirects de la publicité. Au terme de son travail, il propose des recommandations concrètes comme l’interdiction des publicités pour les énergies fossiles et pour certains véhicules ou l’adoption de l’Éco-score et du dispositif « Oui Pub ».

A télécharger : Mémoire Adrian Eylenbosch
Intervention d'Adrian lors du webinaire, à partir de 00:04:17